Utilisation de la Téicoplanine dans les infections ostéo-articulaires à Staphylococcus aureus. Intérêt de la voie sous-cutanée dans l’optique d’une prise en charge ambulatoire
Objet de l’étude :
Description de l’efficacité et la tolérance de la téicoplanine, en particulier
par voie sous-cutanée, dans le traitement des infections ostéo-articulaires (IOA) à S. aureus.
Méthodes: Etude rétrospective (2001-2011) monocentrique incluant toute IOA à S. aureus
traitée par téicoplanine. Evaluation des risques d’échec et d’effets indésirables (EI, selon le
Common Terminology Criteria for Adverse Events [CTCAE]).
Résultats obtenus :
Soixante-cinq épisodes d’IOA (sur matériel, 69% ; S. aureus résistant à
la méticilline, 17%) survenant chez 60 patients (âge médian 62 ans [intervalle interquartile
(IQR), 48-75]) ont été inclus, dont 77% traités chirurgicalement (93% des IOA sur matériel).
La téicoplanine était prescrite à la dose initiale de 5.7 mg/kg/24h (IQR, 4.7-6.5) pendant 6
semaines [IQR, 3-10], après une dose de charge (86% des patients) de 5 injections espacées
de 12h. Les principaux antibiotiques associés étaient une fluoroquinolone (45%), la
rifampicine (25%) ou la pristinamycine (17%). Le premier taux résiduel (TR, J3-J5) était de
11.7 mg/L (9.2-16.3), soit infra-thérapeutique (TR < 15 mg/L) chez 74% des patients. Un
surdosage (TR > 25 mg/L) dans les 2 premières semaines était observé chez 16% des patients,
et plus fréquemment chez l’insuffisant rénal (50%, p=0.049).
Sept EI ont été observés chez 6 patients (10%) après un délai de 13 jours (IQR, 10-19),
incluant 5 rashs, une pancytopénie et un épisode de céphalées, menant tous à l’arrêt du
traitement. Aucun facteur prédictif n’a pu être mis en évidence, incluant le surdosage.
Après une durée de suivi de 91 semaines (IQR, 51-183), 27 échecs ont été observés (42%)
dont 23 nécessitant une reprise chirurgicale, incluant 18 infections persistantes, 6 récidives, 13
superinfections et 1 décès lié à l’IOA. En analyse univariée, les facteurs de risque d’échec
étaient le diabète (OR 5.1, p=0.057), la présence d’une maladie de système (OR 5.6, p=0.043)
ou d’un abcès (OR 4.1, p=0.009). La négativation de la CRP à 1 mois était protectrice (OR
0.2, p=0.029), sans impact d’un éventuel sous-dosage.
14 patients (23%) ont été traités par voie sous-cutanée, sans différence de comorbidités, de
type d’IOA, de pharmacocinétique, de tolérance ou d’évolution.
Conclusion :
La téicoplanine représente une alternative bien tolérée dans le traitement des
IOA staphylococciques, avec une possibilité intéressante d’utilisation en sous-cutanée sans
sur-risque d’échec ou d’effet secondaire.