OTITES EXTERNES NECROSANTES, EPIDEMIOLOGIE FACTEURS DE RISQUE DE RECHUTE
Introduction:
L'otite externe nécrosante est une infection grave de la base du crâne qui survient
généralement chez les personnes âgées et/ou les patients diabétiques. Il existe peu
de données dans la littérature sur la gestion thérapeutique de cette infection complexe
des os et des articulations. Le but de notre étude était de déterminer les facteurs de
risque de rechute.
Matériel et méthodes :
Il s’agissait d’une étude de cohorte rétrospective dans un centre régional de référence
pour la prise en charge des infections osseuses complexes (https://www.crioac-lyon.fr).
Des cas consécutifs d'OEN sur la période 2006-2018 ont été inclus. Le diagnostic a
été fait par otoscopie, complété par une imagerie dédiée. Les facteurs de risque de
rechute ont été analysés à l'aide d'une analyse de survie par régression de Cox avec
un Hazard Ratio (aHR) ajusté et la confection d’une courbe de Kaplan Meier.
Résultats :
Parmi les 66 patients inclus (âge médian, 74 ans), la plupart étaient diabétiques (n=46,
72%), dont 35 (53%) sous insulinothérapie (hémoglobine glyquée moyenne, 8,3%) ;
10 (15%) souffraient d'arthrite temporomandibulaire, 10 (15%) de paralysie d’un nerf
crânien, 2 (3%) de thrombophlébite cérébrale, et 2 (3%) d'abcès de contiguïté. Les
prélèvements microbiologiques ont été obtenus soit lors d’une otoscopie avec un
écouvillon (n=49, 74%), soit lors de biopsies chirurgicales (n=8, 12%) soit des deux
techniques (n=3, 4%). Les cultures microbiologiques réalisées ont révélé la présence
de Pseudomonas aeruginosa chez 44 patients (67 % ; tous sensibles à la ceftazidime et à la ciprofloxacine). Cinq patients (7,5 %) présentaient une OEN fongique au départ
(3 Aspergillus flavus ; 2 Candida albicans). Tous les patients ont été traités avec des
antibiotiques, par voie orale et intraveineuse pour 60 d'entre eux (91 %), et 53 (80 %)
ont reçu la combinaison initiale ceftazidime-ciprofloxacine. La durée moyenne du
traitement aux antibiotiques était de 13 semaines. Une intervention chirurgicale
ultérieure a été nécessaire chez 8 patients (12 %), dont 3 mastoïdectomies. Au cours
d'un suivi médian de 27 mois, 16 patients ont connu une rechute avec Pseudomonas
aeruginosa en culture chez 5 patients (31 %) et Enterobacter cloacae multirésistants
chez 1 patient (6 %) motivant un traitement antibiotique supplémentaire pendant 21
semaines. Un score ASA élevé ou une complication endocrânienne constituaient un
facteur de risque potentiel de rechute ave respectivement aHR 1,9 (IC, 0,9 à 3,9 ;
P=0,07) et aHR 1,4 (IC, 0,4 à 4,9 ; P=0,6), respectivement. L'utilisation d'une
combinaison d'antibiotiques tend à avoir un effet protecteur : aHR 0,3 (IC, 0,1 à 1,2 ;
P=0,08). Le fait d'avoir une infection fongique au départ était le seul facteur de risque
significatif de rechute : aHR à 4,1 (IC, 1,1 à 15 ; P=0,03).
Conclusion :
L'OEN est une grave principalement due (mais pas exclusivement) à Pseudomonas
aeruginosa chez les patients âgés et/ou diabétiques. Une infection fongique au
diagnostic initial constitue un facteur de risque de rechute.