Facteurs de risque d’échec au cours des infections de prothèse articulaire à S. aureus
Les infections sur prothèse articulaire (IPA) sont rares, potentiellement graves et difficiles
à traiter. Staphylococcus aureus présente des facteurs de virulence et de persistance bien
particuliers. Les IPA à S. aureus sont liées à des souches sensibles ou résistantes à la
méticilline (respectivement MSSA et MRSA). Les souches MRSA appartiennent à des clones
pandémiques (distingués par leur sequence type [ST]) dont la prévalence varie selon les
régions. Le but de cette étude était de déterminer les facteurs de risque d’échec du
traitement des IPA à S. aureus dans la population globale et dans la sous-population des
patients infectés à MRSA.
Nous avons réalisé une étude rétrospective bicentrique chez tous les patients pris en
charge entre 2000 et 2010 pour une IPA à S. aureus (n=130) sur prothèse de hanche ou de
genou, dans les services de Maladies Infectieuses des Hôpitaux Universitaires de Genève
(clone MRSA pandémique ST228) et des Hospices Civils de Lyon (clone ST8). La prise en
charge médico-chirurgicale de ces patients a été comparée à celle proposée par Zimmerli et
al. dans le New England Journal of Medicine en 2004.
Pendant un suivi médian de 757 jours, 35.2% des patients ont présenté un échec du
traitement, et 28.9% un échec lié à S. aureus. Le taux d’échec n’était pas plus important
dans les IPA à MRSA vs. MSSA. En analyse multivariée, 2 facteurs de risque étaient
indépendamment associés à l’échec du traitement : une culture du liquide de redon positive
à S. aureus en post-opératoire, et un traitement chirurgical non conforme aux
recommandations. Dans le sous-groupe des IPA à MRSA, le seul facteur de risque associé à
l’échec du traitement était un traitement chirurgical non conforme aux recommandations.
Enfin, l’infection par le clone épidémique ST228 était le seul facteur indépendant associé à
la persistance ou la récurrence de l’infection à MRSA.
Au total, le taux d’échec du traitement est particulièrement important lors des IPA à S.
aureus. Deux éléments semblent jouer un rôle pronostique majeur : l’inoculum bactérien
(représenté ici par la culture positive des liquides de redon) et le respect des
recommandations chirurgicales. Des investigations complémentaires sont nécessaires pour
mettre en évidence une éventuelle plus grande capacité du clone MRSA ST228 (vs. ST8) à
persister.