Ostéite chronique sur escarres pelviennes : Etude d’une stratégie de débridement, thérapie à pression négative (TPN), antibiothérapie (1er temps) et lambeau de couverture (2ème temps)
Introduction :
Les ostéites pelviennes sur escarre bénéficient généralement d’une prise en
charge complexe en 2 temps. Toutefois, peu d’études ont évalué une telle stratégie.
Matériel et méthodes : Les ostéites pelviennes (critères cliniques, radiologiques et
microbiologiques) sur escarre prises en charge en 2 temps ont été incluses dans une cohorte
rétrospective dans un Centre de Référence pour la prise en charge des Infections Ostéo-
Articulaires complexes (CRIOAc). Pour être considérés, les germes potentiellement
contaminants devaient être retrouvés sur ≥ 2 prélèvements osseux et pris en compte par le
clinicien. Les facteurs de risque de superinfection (documentation supplémentaire lors du
lambeau) et d’échec (reprise chirurgicale pour raison septique après le lambeau ou récidive
après arrêt du traitement) ont été recherchés par régression logistique. Des courbes de Kaplan
Meier ont comparé les survies sans échec entre les groupes.
Résultats :
Soixante-quatre ostéites (ischion, n=44, 69% ; sacrum, n=20, 31%) chez 61
patients (âge médian, 47 [Intervalle interquartile (IQR), 36-63] ans) principalement
paraplégiques (n=41, 64%) ont été analysées. Le parage était suivi d’une antibiothérapie
probabiliste par vancomycine (n=44, 70%) et pipéracilline-tazobactam (n=36, 57%) ou
carbapénème (n=11, 22%). La documentation était souvent plurimicrobienne (n=47, 73%),
incluant S. aureus (n=30, 47%), entérobactéries (n=28, 44%), anaérobies (n=28, 44%) et
streptocoques (n=24, 38%). Le lambeau était réalisé sous antibiothérapie après 7 (IQR, 5-10)
semaines de TPN après parage. Lors de ce 2e temps, les biopsies osseuses étaient positives
dans 43 (68%) cas, correspondant majoritairement à une superinfection (n=39, 91%), avec
comme seul facteur prédictif un score ASA élevé (Odd ratio [OR]=5,8 ; p=0.022).
Comparativement à la documentation obtenue lors du parage, on notait une augmentation
significative des SCN méti-résistants (p=0.017) et des Candida (p=0.003), sans facteur de
risque identifié. La présence d’une entérobactérie BLSE était associée à la prise de
fluoroquinolones dans les 6 mois (OR=32,4 ; p=0.005). La durée totale d’antibiothérapie était
de 20 (IQR, 14-27) semaines, incluant 11 (IQR, 8-15) semaines après le lambeau. Dans un
suivi de 54 (IQR, 27-102) semaines post-lambeau, 15 (23%) échecs ont été observés, associés
à un antécédent d’escarre au même site (OR=5,7 ; p=0,025) et à la présence d’Actinomyces
lors du parage (OR=9,5 ; p=0,027). La réalisation d’une stomie, la prise en charge en
convalescence et le délai entre le parage et le lambeau n’influençaient pas la survie sans
échec.
Conclusion :
Les ostéites pelviennes sur escarre sont difficiles à traiter, et génèrent une
consommation importante d’antibiotiques à large spectre. L’absence d’impact du délai
parage-lambeau plaide pour une séquence courte, pour limiter la durée totale de traitement.