Étude pilote sur l’observance des antibiotiques administrés par voie orale dans les infections ostéo-articulaires
L'observance médicamenteuse est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme le « le degré de concordance (ou d’adéquation) entre le comportement d’une personne (prise de médicament, suivi d’un régime et/ou modifications du comportement) et les recommandations d’un soignant ». Dans les pays développés, on estime que seulement 50% des patients traités au long cours pour des pathologies chroniques sont observants. Les infections ostéo-articulaires (IOA) sont des infections bactériennes souvent difficiles àtraiter, avec un taux élevé de ré-hospitalisations (19,5%). La prise en charge médicamenteuse des IOA consiste bien souvent, après une chirurgie, à la mise en place d’une antibiothérapie administrée par voie parentérale et/ou orale àvisée curative, de durée déterminée et prolongée allant de 6 semaines àplusieurs mois selon les cas. On ne dispose d’aucune donnée sur l’observance au traitement antibiotique dans les IOA.Dans ce contexte, le Centre Régional des Infections Ostéo-Articulaires complexes de Lyon (CRIOAc) a souhaité mettre en place une étude pilote observationnelle descriptive ayant pour objectif d’analyser l’observance au traitement chez les patients traités pour une IOA par des antibiotiques administrés par voie orale, en déterminant sa fréquence, ses aspects qualitatifs, son évolution au cours du traitement et les barrières éventuelles àl’observance. L’observance médicamenteuse a été évaluée au moyen d’un questionnaire adaptédu questionnaire français d’auto-évaluation standardiséde l’observance de Girerd et al. Sur une période d’inclusion de 9 mois, 45 patients sur les 60 initialement prévus étaient arrivés en fin d’étude. L’analyse intermédiaire des résultats de cette étude a montré un faible niveau d’observance avec seulement 20% de patients « hautement observant », 76% « modérément observant » et 4% « peu observant » avant la visite de suivi à 6 semaines de la prise en charge chirurgicale (S6) et 38% de patients « hautement observant », 57% « modérément observant » et 5%« peu observant » avant la visite de suivi à 3 mois de la chirurgie (M3). Le niveau d’observance était stable au cours de l’étude entre les visites S6 et M3. Un seul paramètre observé chez les patients a présenté un lien significatif avec le niveau d’observance à M3 : un niveau d’étude supérieur ou égal au baccalauréat était associé à une plus forte probabilité d’être hautement observant. D’autres variables ont semblé être associées à une observance non-optimale : le sexe masculin, le nombre de traitementsassociés, le nombre d’antibiotiques prescrits per os, le nombre de prises quotidiennes d’antibiotiques per os, mais les résultats n’étaient pas statistiquement significatifs, probablement du fait d’une puissance insuffisante. Ces variables sont toutefois bien décrites dans la littérature comme pouvant influencer l’observance médicamenteuse.Ce travail a donc permis d’évaluer l’importance du problème de l’observance dans le traitement antibiotique des IOA et la nécessité de conduire une étude plus large. Celle-ci pourrait être réalisée en utilisant une autre méthode de mesure d’observance comme l’utilisation d’un dispositif d’administration de type pilulier électronique, considéré comme la méthode de référence. Cela permettrait d’obtenir des données plus précises sur le niveau d’observance des patients et de confirmer les tendances observées dans cette étude pilote. La prise en charge du patient pourrait ainsi être optimisée afin de maximiser les chances de réussite du traitement de ces infections complexes.